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Commune de Merey-Sous-Montrond (25660)

   Histoire de Merey-Sous-Montrond - Le château de Céry

Reliquaire retrouvé à … Rouen chez un collectionneur d’objets révolutionnaires et qui nous rappelle un… évènement mémorable de la Grange de Sery*, le 26 janvier 1799 - Un petit rappel de l’histoire :

Monsieur Fleury de Vercel, auparavant curé de la Barèche, se retira à Vernierfontaine pendant les mauvais jours de la Révolution. Il réussit à s’y cacher pendant assez longtemps. Dénoncé et poursuivi, il fut arrêté à Lavans les Villafans.

On l’enferma d’abord dans une prison à Ornans, d’où on le tira pour le conduire à Besançon le 26 janvier 1799 avec un autre prêtre nommé Bergier et curé de Vercel. Quelques hommes de Vernierfontaine aidés par des habitants de Fallerans, Vercel et Goux essayèrent de les délivrer.
Ils attaquèrent à la Grange de Séry*, (commune de Merey sous Montrond) les gendarmes qui conduisaient les prisonniers. Cette tentative échoua.

Deux habitants de Vernierfontaine y furent tués : Joseph Donzelot et Jean Baptiste Bolard.
Plusieurs autres, blessés ou non, furent découverts et envoyés dans les prisons de Baume où d’ailleurs, ils n’y restèrent pas longtemps.

Extrait de la déposition de Pierre Joseph Marilly fils du fermier de la Grange de Séry à l’époque des faits.
« Probablement l’agent municipal de Mérey mit en réquisition deux hommes de la commune de Mérey dont l’un s’appelait en nom sobriquet Mis (ou Mit ou Mil) et l’autre je ne me rappelle pas de son nom, pour les enterrer ce qui eu lieu dans la combe au midi de la maison de ferme, à environ 250 mètres de la maison », … « lesquels après huit ou dix jours furent déterrés par ordre de la justice, mais ils ne furent pas sortis de la fosse, seulement, on leur lava la figure pour les reconnaître, et après ils furent recouverts de terre.
La présente notice a été faite le dix huit octobre mil huit cent soixante trois Ecrite de ma main et témoin oculaire de tout le contenu. »

Extrait du Procès verbal d’Exhumation opérée sur le territoire de Mérey le 3 octobre 1863
par J.B. Bouveret curé de Mérey. Celui-ci est décédé à l’âge de 74 ans le 15 février 1878 à Merey après 27 ans de présence à Merey. Il a été inhumé dans le cimetière de Mérey.

Les actes publiés et les souvenirs traditionnels de famille constatent que le vingt sept janvier, de l’an mille huit cent (sic)(5 pluviose an 7) près de la ferme de Séry*, sur le territoire de Mérey, deux hommes de Vernierfontaine, (Dt du Doubs, cton de Vercel) les nommés Jean-Baptiste Baulard (sic), et Joseph Donzelot ont reçu une mort glorieuse en cherchant à délivrer des mains des agents de la force révolutionnaire quelques prêtres fidèles à l’Eglise et chers à leurs âmes catholiques ; et qu’ils ont été enterrés ensuite dans la forêt voisine appartenant aujourd’hui à Monsieur Philibert Léon, dans une combe qui depuis est appelée la combe des morts.

Le trois octobre de cette année mil-huit-cent-soixante-trois, Monsieur l’Abbé Bolard, aumônier du lycée de Besançon, et neveu de l’une de ces généreuse victimes, a pu enfin donner satisfaction à ses sentiments de piété filiale et de religion, et muni de toutes les autorisations nécessaires, procéder à l’exhumation des restes vénérés de son oncle paternel et de son compagnon, avec l’assistance du Docteur Coutenot, médecin à Besançon, et d’après les indications de ceux des habitants de Mérey qui avaient quelque connaissance de ce mémorable fait, et surtout d’après celle d’un nommé Marilly d’Epeugney, qui lors de l’évènement habitait la ferme de Séry avec ses parents fermiers.

Les fouilles commandées par monsieur l’abbé Baulard(sic) ont amené la découverte de deux squelettes humains complets, dont les os quoique désunis, conservaient, leurs places respectives. Ces deux squelettes ont été retrouvés exactement dans la position indiquée d’avance par le-dit Marilly : c'est-à-dire, repliés un peu sur eux-mêmes, superposés l’un à l’autre, et la tête de l’un aux pieds de l’autre. On voyait aussi sur leurs crânes les vestiges des blessures qu’ils avaient reçues dans le combat.

Un cercueil à deux cases, une pour chaque corps avait été amené sur les lieux par monsieur l’abbé Bolard, et ces restes dignes de respect y ont été placés par Mr le docteur Coutenot avec un soin religieux, en présence d’un assez grand nombre de témoins, spécialement du sieur Marilly, de plusieurs membres de la famille Philibert et de Mr l’abbé Decreuse, de Villers, professeur au Séminaire de Luxeuil.

Le même jour, à l’entrée de la nuit, j’ai été heureux de recevoir dans l’église de Mérey, en ma qualité de Curé de cette paroisse, ces deux victimes, je dirais volontiers ces deux martyrs de la foi catholique, et d’y faire pour le repos de leurs âmes les prières de l’Absoute.
Aussitôt ces restes précieux ont été conduits à Vernierfontaine, sous la garde de Monsieur l’abbé Bolard et de plusieurs parents des deux défunts, pour y recevoir dans le cimetière de leur paroisse natale une sépulture ecclésiastique des plus solennelles.

Pour conserver le souvenir d’un fait si intéressant, j’ai rédigé le présent procès- verbal, pour le faire signer par les témoins de l’exhumation, et le remettre à Mr l’abbé Bolard, après l’avoir transcrit sur les registres ecclésiastiques de la paroisse de Mérey, sur le territoire de laquelle ces faits ont eu lieu, et où les corps de ces deux chrétiens héroïques ont reposé pendant près de soixante quatre ans.


Epitaphe sur la tombe de J.B.Bolard et Joseph Donzelot. A Vernier Fontaine

« Ici reposent ceux qui attendent l’espérance bienheureuse
et la venue de Notre Seigneur Jean Baptiste Bolard et Joseph Donzelot qui dans le désordre impie du siècle précédent comme la prêtrise était persécutée par des furieux
la défendirent courageusement de leurs corps eux-mêmes percés de coups périrent en l’an du Seigneur 1793
Seigneur pose sur leurs têtes
Une couronne de pierres précieuses. »

Il y eu une erreur dans la gravure de l’épitaphe car ils ont été assassinés en 1799 et non en 1793
 

Cette erreur de l’épitaphe se retrouve sur la relique. Mais ce n’est pas la seule :

La tradition familiale a du, avec le temps, transformer ces martyrs en ecclésiastiques ! D’autre part Marie Donzelot (sœur de Joseph) épouse en 1804 Alexandre Charmoille. Joseph Donzelot était donc l’oncle des Charmoille. La famille de génération en génération a sans doute oublié qu’il ne s’appelait pas Charmoille… ?
A noter que Jean Baptiste Bolard était lui-même le propre neveu de Joseph Donzelot.

* sur tous les anciens documents Céry est orthographié Séry


LA GRANGE DE CERY... Hameau de MEREY-SOUS-MONTROND
Seri, Sery, Siri, Sirie, Sceri, Cerye , Cery : autant de nom pour désigner cet écart de Merey sous Montrond.

Situé sur la grande route de Besançon à Ornans, la Grange de Cery fut avant la Révolution, un relais de poste. Il abritait un maître de poste, 2 postillons et 7 chevaux.
En 1848, la route Saint Dizier-Lausanne qui passait donc à Cery fut déclassée à la suite de l’ouverture d’une nouvelle route par le trou au Loup et Tarcenay.

En 1750, le seigneur de Chatillon sur Lizine acquiert, pour cent cinquante mille livres, Montrond avec la Grange Serye et celle de la Vaivre.
Pour raison financière, Denis MOURET de CHATILLON doit se séparer d’une large partie de ses biens. Pierre Georges, comte de Scey-Montbéliard se porte acquéreur en 1809. En 1817, Christophe DUBOST à son tour, achète les biens, et pour les mêmes raisons que les précédents propriétaires doit vendre par lots.

La Grange de Cery est vendue pour un tiers à Jean Joseph PHILIBERT et deux tiers à Monsieur de KIRWAN, ingénieur en chef au cadastre.

Jean Joseph PHILIBERT, employé au cadastre du Doubs puis géomètre forestier, fait construire entre 1840 et 1862 le château et ses communs. Il décède à Besançon en 1877. Après de mauvaises affaires, son fils Léon, arpenteur forestier, horloger, directeur du Mont de piété doit se séparer de ses propriétés à Cery en 1871.

Ulysse LAVET, nouveau propriétaire, négociant, habite tantôt Cery, tantôt Besançon dans un hôtel particulier qu’il possède au 8 de la rue Lecourbe. Il meurt en 1936 à Dijon. Sa fille Marguerite épouse à Besançon en 1905, Louis Montenoise à qui elle apporte en dot les propriétés de Cery.

Sans descendance, elle fait don du château à la paroisse Saint Jean de Besançon qui y installe une école privée pour enfants en difficulté.
Le château de Cery est aujourd’hui la propriété de la famille CART.